Le Président de la République, Emmanuel Macron, a missionné 26 économistes. Dans le but d’analyser, la lutte contre le réchauffement climatique. La réduction des inégalités et l’adaptation au vieillissement de la population d’un point de vue économique. La commission est dirigée par Jean Tirole, prix Nobel d’économie, président de la fondation Jean-Jacques Laffont à Toulouse et directeur des hautes études en sciences sociales à l’université de Toulouse. Accompagné de l’ancien chef économiste du FMI et professeur réputé du MIT, Olivier Blanchard. Après une année de travail, la Commission présente son rapport de 500 pages. Sur les « recommandations pour rendre les politiques économiques plus efficaces ».
Un rapport qui a pour vocation de proposer de nouvelles pistes pour agir en faveur des trois grands défis économiques. Dont celui des inégalités concernant la formation professionnelle. Un des enjeux majeur du gouvernement depuis 2018. Trop souvent victime de la « procrastination politique ». Et du « report dans le temps des coûts et des mesures qui font mal » d’après Jean Tirole.
« Les inégalités revêtent des dimensions multiples. La principale étant sans doute le degré d’accès à un emploi de qualité (en anglais, « good job », sans équivalent parfait en français) et à une vie professionnelle satisfaisante. […] La formation professionnelle est essentielle pour préparer les actifs aux emplois et faciliter la mobilité professionnelle : elle pourrait être considérablement améliorée. »
Les auteurs du rapport de la commission des grands défis économiques
Quelles sont les recommandations pour le secteur de la formation professionnelle ?
“La formation professionnelle est essentiell e” soulignent les auteurs du rapport. Ils comparent même “les faiblesses du système éducatif et de la formation professionnelle”, à de véritables “bombes à retardement”.
Le Gouvernement Français est déjà engagé dans l’amélioration de la formation professionnelle. En particulier avec la création du CPF (Compte Personnel de Formation) et la naissance d’une nouvelle structure d’État, France Compétences. “Il s’agit d’une avancée potentiellement très importante mais cela reste à confirmer. France Compétences devra relever les défis suivants : réduire le trop grand nombre d’organismes de formation. Fournir aux personnes à la recherche d’une formation des informations objectives sur la nature et la qualité des différentes offres. Apporter le soin nécessaire à la certification des programmes de formation. Et faire en sorte que les bénéficiaires soient ceux qui en ont le plus besoin”. D’après les auteurs du rapport de la Commission des Grands Défis Économiques.
Les économistes considèrent que l’on peut aller encore plus loin dans les actions de formation. Notamment en réévaluant le rôle de Pôle Emploi dans la formation professionnelle. Également, en poussant les entreprises et les salariés à s’impliquer d’avantage. Puis en renforçant l’Alternance et en investissant dans la formation des seniors. Et pour finir en développant des formations spécialisées en « compétences comportementales ».
Que propose la Commission des Défis Économiques pour renforcer Pôle emploi dans la formation professionnelle ?
On peut lire dans le rapport que Pôle Emploi pourrait « jouer un rôle plus important dans la définition des besoins de compétences et lorsqu’il s’agit de vérifier que l’offre des organismes de formation locaux est adaptée. Cela nécessiterait une coopération étroite avec France Compétences, la nouvelle entité chargée de veiller à la qualité des organismes de formation grâce à leur certification et à une évaluation constante ».
Selon les économistes, les missions de Pôle Emploi doivent être repensées. De manière à amorcer une “réflexion, aux côtés des entreprises, sur le contenu des emplois et les parcours d’évolution de carrière afin d’en renforcer l’attractivité”.
L’interaction entre Pôle Emploi et les employeurs concernant la formation professionnelle « peut être renforcée à plusieurs niveaux ». Par exemple, “Jouer un rôle plus important dans la définition des besoins de compétences et lorsqu’il s’agit de vérifier que l’offre des organismes de formation locaux est adaptée. Cela nécessiterait une coopération étroite avec France Compétences, la nouvelle entité chargée de veiller à la qualité des organismes de formation grâce à leur certification et à une évaluation constante”.
Le groupe d’économiste estime que Pôle emploi peut jouer un rôle de médiateur avec les plus petites entreprise. Car si les entreprises de plus grande taille “peuvent être très bien placées pour formuler clairement leurs besoins en matière de compétences auprès des organismes de formation privés, les plus petites entreprises sont peut-être moins en mesure de le faire. Pôle Emploi a un rôle utile à jouer à ce niveau pour assurer la coordination et la consolidation des besoins de ces employeurs de plus petite taille en veillant à leur satisfaction”.
Pôle Emploi pourrait également intervenir pour « corriger certains défauts éventuels du CPF”. “Les travailleurs peuvent en effet ne pas disposer d’informations suffisantes sur les types de formations correspondant le mieux à leurs besoins professionnels et aux parcours visés. Les employeurs peuvent quant à eux avoir un a priori défavorable aux formations car elles éloignent les travailleurs de leur poste et pourraient ne pas leur être directement profitables. Pôle Emploi peut alors agir comme un intermédiaire impartial et fournir des conseils aussi bien aux travailleurs qu’aux entreprises. Par exemple, les employeurs pourraient être encouragés à compléter les financements destinés aux types de formation les plus susceptibles de favoriser des mobilités internes ».
Aller plus loin pour développer l’Alternance
Les auteurs du rapports nous disent que “Les formations qui alternent emploi et études sont encore peu répandues. Seulement un quart des élèves de l’enseignement secondaire professionnel suivent un tel mode de formation” en France. Et qu’ “un exemple de bonne pratique est le système néerlandais Katapult, réseau de partenariats public-privé entre des entreprises, des centres de recherche et des écoles, dont le but est (principalement) de former des élèves de l’enseignement et de la formation professionnels et de mettre en commun des pratiques innovantes”.
Mettre l’accent sur la formation professionnelle pour les seniors
Pour le groupe d’économiste, “il faut concentrer l’effort sur la formation tout au long de la vie professionnelle”. Notamment chez les seniors car “les niveaux de qualification sont plus faibles que chez les travailleurs plus jeunes du fait de l’ancienneté des études et du manque de remise à niveau”. Ainsi cela peut être une façon de “lutter contre la discrimination fondée sur l’âge”.
“Les mesures de mise à niveau des compétences destinées aux seniors sans emploi”. Ainsi que la formation continue, sont d’ailleurs des domaines dans lesquels “les politiques actives du marché du travail ont fait leurs preuves”. Or “la France dépense une part relativement moindre de ses budgets de formation professionnelle pour les seniors que des pays (le Danemark par exemple) où la proportion de seniors parmi les chômeurs est similaire”, précisent les experts.
Plus de formations pour développer les “soft skills »
Les économistes pointent également l’importance des compétences comportementales appelées « Soft Skills ». Elles représentent les qualités relationnelles qui définissent un savoir-être personnel et professionnel. Ces capacités individuelles, propre à chacun, permettent d’harmoniser les relations à autrui. De s’impliquer dans son travail et de s’adapter à toutes les circonstances de la vie professionnelle.
Le groupe d’économistes estime donc qu’il “peut être nécessaire que l’offre de formation porte à la fois sur les compétences techniques et sur les compétences comportementales”.
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Que nous dis le rapport de la Commission des Grands Défis Économiques au niveau du climat, des inégalités et de la démographie ?
La lutte contre le réchauffement climatique
C’est aujourd’hui que l’on se doit d’agir pour le climat. Les études et travaux menés par le GIEC montrent qu’en tant qu’habitant de cette planète, nous sommes en partie responsable dérèglement climatique. En conséquence, nous avons le pouvoir de limiter la hausse des températures. Soyons plus attentif à ce que nous consommons quotidiennement.
En 2015, la France signait l’Accord de Paris avec l’objectif d’être neutre en carbone jusqu’en 2050. Ce qui brièvement signifie, préserver « l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et la compensation permise par les puits ou réservoirs de carbone, comme les forêts. »
Les propositions du rapport de la commission des Grands Défis Économiques, offrent un angle de vue qui pourrait permettre d’accélérer le mouvement. En termes d’atteinte de ces objectifs. Seul bémol la tarification élevée du carbone qui affecterait probablement les foyers les plus modestes.
La réduction des inégalités aux niveaux économiques
Le rapport de la commission des grands défis économiques met en lumière l’importance de se mobiliser pour l’égalité des chances, l’éducation, la protection sociale et la redistribution fiscale. Il invite, entre autres, à l’inclusion sociale par l’emploi en encourageant les entreprises à créer des emplois de bonne qualité.
Accompagner et agir pour les Français dans chaque étape de leurs vies économiques est un axe important pour le Gouvernement. La France étant déjà engagée dans cette voie depuis longtemps. Ce rapport démontre qu’il faut continuer à s’adapter et à s’améliorer encore et encore en passant par de bonnes politiques.
Le vieillissement de la population
Face au changement démographique qui implique le vieillissement, la santé et l’immigration il faut pouvoir trouver un juste milieu. Notamment entre la période de vie active et la période d’arrivée à la retraite. À cet égard, le rapport de la commission préconise de moderniser le système des retraites et d’accompagner les anciens dans leurs activités. Pour cela, au programme il y a un renforcement de la formation professionnelle, de la prévention et du traitement des maladies chroniques.
Cependant, « Il est impossible de mettre en place la réforme des retraites avant l’élection de 2022 ». Affirme Axel Börsch-Supan, économiste allemand qui a travaillé sur le sujet. « Il faut un, deux, voire trois ans pour expliquer » une telle réforme, estime-t-il.
La composition de la Commission des grands défis économiques
Rapporteurs :
- Olivier Blanchard, professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology, Fred Bergsten Senior Fellow, Peterson Institute for International Economics
- Jean Tirole, président honoraire de la Fondation Jean-Jacques Laffont/École d’économie de Toulouse et de l’Institute for Advanced Study in Toulouse
Auteurs principaux :
- Christian Gollier, professeur et directeur général de l’École d’économie de Toulouse
- Mar Reguant, professeure d’économie à l’université de Northwestern, Illinois
- Dani Rodrik, professeur d’économie politique à la John F. Kennedy School of Government, université de Harvard
- Stefanie Stantcheva, professeur d’économie à l’université de Harvard
- Axel Börsch-Supan, directeur de l’Institut Max-Planck de droit social et de politique sociale, Munich
- Claudia Diehl, professeure à la Munk School de l’université de Constance
- Carol Propper, professeur d’économie à l’Imperial College Business School, Londres
Membres
- Philippe Aghion, professeur au Collège de France, INSEAD et London School of Economics
- Richard Blundell, professeur d’économie politique à University College London
- Laurence Boone, cheffe économiste à l’OCDE, cheffe du Département des affaires économiques
- Valentina Bosetti, professeure d’économie à l’université Bocconi, Milan
- Daniel Cohen, professeur d’économie à l’École normale supérieure, vice-président de l’École d’économie de Paris
- Peter Diamond, professeur au Massachusetts Institute of Technology
- Emmanuel Farhi, professeur d’économie à l’université de Harvard
- Nicola Fuchs-Schündeln, professeure de macroéconomie et de développement à l’université Goethe de Francfort
- Michael Greenstone, professeur d’économie, directeur du Becker Friedman Institute et de l’Energy Policy Institute à Chicago
- Hilary Hoynes, professeure de politique publique et d’économie à l’université de Californie, Berkeley
- Paul Krugman, professeur émérite d’économie au Graduate Center, université de New York
- Thomas Philippon, professeur de finance à la Stern School of Business, université de New York
- Jean Pisani-Ferry, professeur à l’Institut universitaire européen de Florence
- Adam Posen, président du Peterson Institute for International Economics
- Nick Stern, professeur d’économie et de gouvernement. Président du Gantham Research Institute on Climate Change and the Environment. Et enfin directeur de la India Observatory à la London School of Economics
- Lawrence Summers, professeur et président émérite à l’université de Harvard
- Laura Tyson, professeure à la Haas School for Business and Social Impact, université de Californie, Berkeley
Pour en savoir plus sur le rapport des Grands Défis Économiques, consultez le rapport complet ci-après.